Quand je vois certains commentaires, pour être honnête, j'ai envie d'être franchement désagréable. Mais eu égard à mon éducation, je vais essayer de rester courtois.
La première impression que j'ai, c'est que certains se sont contentés de lire le titre sans même connaître le contenu de l'article de GCT. La seconde, c'est que lorsque l'on parle sans savoir, on a vite fait de déformer la réalité.
1er point : la Fédé a toujours dit qu'elle n'était pas opposée aux augmentations de capital pour permettre au club d'acquérir des actifs, mais contre les augmentations de capital pour boucher des trous, ça n'est donc pas un scoop. Comme cela est évoqué dans l'article, tous les actionnaires disaient être d'accord sur ce principe lorsque la SAS a été créée, Maarek compris.
Pourtant, il y en a déjà eu une pour porter le capital de la SAS de 400 000 € à 600 000 €. A ce moment-là, la Fédé a accepté d'y participer essentiellement parce qu'elle avait un reliquat important suite à la levée de fonds initiale pour la création de la SAS (en gros, 12 000 € en plus alors qu'il fallait 15 000 € pour participer à la 2è augmentation de capital). La Fédé n'ayant pas vocation à conserver cet argent, il était logique qu'il soit injecté dans la SAS, ce pour quoi il avait été récolté auprès de plusieurs centaines de donateurs. Mais ça ne change rien quant au fait que sur le fond, faire une augmentation de capital pour boucher un trou est une hérésie : une fois, je ne dis pas, mais au FCR, c'est un mode de fonctionnement depuis des décennies, et on sait comment ça se termine à la fin...
2nd point : concernant l'augmentation de capital avortée ces derniers jours, ceux qui croient que c'est uniquement pour "emmerder" Maarek se mettent le doigt dans l’œil jusqu'au coude. Comme évoqué dans l'article, cette augmentation de capital a été évoquée bien avant le décès de De Wailly (paix à son âme), et la Fédé s'était déjà déclarée contre pour les raisons évoquées ci-dessus. Les statuts de la SAS prévoient qu'une augmentation de capital doit être validée par une majorité des 2/3 au moins : pour des raisons juridiques, les héritiers De Wailly n'ayant actuellement pas la possibilité de voter en lieu et place de leur défunt père, il fallait que tous les autres actionnaires votent pour une augmentation de capital pour qu'elle puisse être effective. C'est juste un concours de circonstances qui a fait que la position de la Fédé s'est transformée en droit de véto de fait, rien à voir avec une quelconque autocratie. Ceux qui pensent que c'est pour éviter une dilution que la Fédé a voté contre n'ont pas compris une chose essentielle : hors circonstance exceptionnelle, qu'elle ait eu 4 ou 6 % n'aurait rien changé. En somme, si De Wailly n'était pas décédé dans les circonstances tragiques que l'on sait, cette augmentation de capital n'aurait été qu'une formalité !
3è point : avec ou sans une augmentation de capital, le gros de la somme aurait été payée par Maarek de toutes façons (comme lorsqu'il s'est agi de régulariser la situation du club après de la DNCG en décembre dernier). Croire que refuser d'être favorable à une augmentation de capital pourrait signifier mécaniquement la mort du club ne correspond en rien en la réalité. En revanche, pourquoi une augmentation de capital est plus intéressante pour combler un trou ? Parce qu'elle crée artificiellement des actifs. Pour faire simple, quand il manque 250 000 € pour boucler un budget, si les 250 000 € sont réglés en compte courant, c'est de la perte pure ; si les 250 000 € sont payés via une augmentation de capital, les 250 000 € deviennent des parts d'une société ! Évidemment, quand on est l'actionnaire principal, il n'est pas difficile de comprendre quelle est la solution la plus intéressante, c'est humain. Pourtant, quand on y réfléchit, est-ce que la valeur de la SAS (et donc du club par extension) a augmenté parce qu'on y a injecté de l'argent pour combler des pertes ? Évidemment non, c'est purement artificiel. Si encore, ça pouvait permettre de renforcer les fonds propres de la SAS, pourquoi pas, mais là ce n'est même pas le cas...
4è point : on peut toujours ergoter sur les raisons du trou actuel, mais certains constats s'imposent. La Fédé a dit dès le départ que mettre un duo sans expérience à la tête de l'équipe était une très mauvaise idée, ça s'est vérifié et ça n'est pas sans incidence financière. Comme évoqué dans l'article de GCT, pour ce qui est de l'arrivée de Dorvil, la Fédé a été mise devant le fait accompli, pour quel résultat sportif ? Pas besoin d'épiloguer...
A un moment donné, quand on fait tout tout seul dans son coin, il est normal d'être considéré comme le principal responsable, et d'en assumer les conséquences y compris financières, non ?
5è et dernier point (dans l'immédiat
) : la nomination de D'Ornano a été unanimement saluée comme une excellente décision prise par la direction, et 4 mois plus tard force est de constater que ça ne s'est pas démenti. Je lance un appel solennel : par pitié, laissons-le être à la manœuvre pour construire l'effectif de la saison à venir ! Le football est certes une science très inexacte, mais quand on fait les choses correctement, ça donne souvent de bons résultats, même sans avoir un budget énormissime.
"Dans sa vie, un homme peut changer de femme, de parti politique ou de religion, mais il ne change pas de club de football."
Eduardo Galeano, journaliste et écrivain uruguayen