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Interview Jean-Pierre Orts (1ère partie) : "J’ai refusé la D1 pour l’argent"
Par fc-rouen, mercredi 3 mai 2006 à 13:33
"Joueur symbole des années 90 du FCR, celui qu’on surnommait JPO à l’époque revient sur sa carrière riche en buts (près de 200 buts en professionnel !) et évoque son avenir dans le milieu du foot ainsi que l’avenir du FCR.
Un discours conforme à son attitude sur le terrain : droit au but ! Première partie consacré à sa carrière.
Mardi, deuxième partie sur l'avenir et sa vision du FCR...
Pouvez-vous nous retracer votre parcours depuis votre départ du FC Rouen en 1995 ?
J’ai arrêté ma carrière en 93 et je suis parti en 95. Par la force des choses puisque le club était en redressement judiciaire, il y avait eu une cession… Enfin bref Mr Batel avait pris les commandes et j’avais fait partie du « bateau » qui avait été gracieusement remercié. Il fallu ensuite se battre devant les tribunaux pour récupérer les choses qui avait été promises.
En laissant des gens sur la route... Ou on a des capacités de reprendre ou on ne les a pas. Enfin vous avez vu malheureusement, quand on n’est pas correct on est puni tout de suite derrière.
Entre 93 et 95, j’étais directeur sportif puis j’ai été entraà®neur par obligation enfin pas par obligation parce que je n’était pas non plus obligé d’accepter. Quand Daniel (Zorzetto) a été démis de ses fonctions, on m’a demandé de prendre l’équipe ce que j’ai fait. Et puis à mon tour j’ai été démis de mes fonctions à 4 matchs de la fin.
Je crois que à§a a été une belle erreur aussi parce qu’on ne change pas un entraà®neur à 4 matchs de la fin alors qu’on était pas dans les équipes qui descendaient. Enfin c’est comme à§a, on ne refait pas l’histoire mais il y a eu une accumulation d’erreurs. Déjà le fait d’enlever Zorzetto je pense que cela a été une erreur.
Quand on prend une équipe on se dit qu’il y a des gens qui vous aime bien et qui vont adhérer. Cela n’a pas forcément été le cas. Cela avait créé une scission dans le groupe : les pro-Zorzetto et les pro-Jean-Pierre Orts et c’est jamais bon pour le club et tout à§a on ne l’a pas mesuré. C’est un peu dommage parce que je pense que Daniel était un très très bon entraà®neur. Moi c’est un des meilleurs entraà®neurs que j’ai eu. Après quelle a été sa réflexion qui l’a mené à vouloir me nommer à tout prix directeur sportif. Ca il n’y a que lui qui pourrait répondre. On en est plus là . Aujourd’hui je prends le positif. Le positif c’est que c’est peut-être l’un des meilleurs entraà®neurs si ce n’est le meilleur entraà®neur avec lequel j’ai eu la chance d’évoluer.
Vous êtes parti au moment le plus triste de l’histoire du club…
Il y avait une aberration à l’époque : en D2 on touchait des droits TV qui s’élevaient à 3 ou 4 MF, lorsque vous arriviez en national on vous les enlevez. Vous êtes obligé de réduire la masse salariale de pratiquement 30 à 40%. Donc la plupart du temps les bons quittent le club et ce sont les joueurs moyens que vous gardez. Dans ces conditions comment vous voulez espérer remonter en division 2 ?
Il y a cette aberration. Au moins pendant une année il devrait y avoir une subvention qui soit reconduite au moins l’année o๠vous descendez en national. Bon à§a n’a pas était le cas.
Les présidents vous savez comment ils sont. Aujourd’hui dans le football on dans le métier le plus égoà¯ste donc les gens ne veulent pas partager ce qui peuvent recevoir. C’est un peu dommage. Mais c’est vrai que c’est l’histoire la plus triste parce moi je suis encore aujourd’hui le FCR et je souhaiterai de tout mon cÅ“ur que l’équipe remonte et quand je vois encore avec le budget qu’ils ont…
Enfin à§a restera dans les annales : monter en D2, redescendre en national et redescendre en CFA, à§a s’est jamais vu. C’est un club que je porte dans mon cÅ“ur.
A la fin de ma carrière de joueur en 1993, je suis entré au Variété club de France. J’ai eu de la chance d’y rencontrer des gens qui ont fait la renommée du sport franà§ais et du football en particulier. Quand je me suis retrouvé au chômage à Rouen, je ne suis pas resté les pieds dans le même sabot. Je voulais travailler et j’ai fait une formation. Je voulais surtout m’occuper l’esprit. J’ai fait une formation à la chambre de commerce de Rouen. Une formation de commercial. Dans le cadre de cette formation, il y avait 2 stages à effectuer en entreprise. Moi connaissant des gens au Variété, des gens qui amènent de l’argent parce que le Variété a aussi besoin d’argent pour vivre, j'ai postulé pour faire le stage dans l'entreprise d'un ami du variété. Lui bien sûr par amitié a donné son accord. A l’issue de ce stage il m’a proposé un poste de commercial et puis également d’entraà®ner le club de Choisy le Roi qui évoluait en DHR.
Après 15 jours de réflexion avec ma famille, on a pris la décision d’accepter et puis de revenir sur Paris (car je suis quand même originaire de la région parisienne), tenter une nouvelle expérience et repartir de zéro. Aujourd’hui à§a fait 10 ans que je suis commercial dans la société NMC France. J’ai également entraà®né pas mal de temps Choisy le Roi avec lequel on est monté jusqu’en CFA. En CFA les résultats étaient moins bons et j'ai été démis de mes fonctions. J'ai ensuite entrainer Viry-Chatillon pendant 1 an et demi avec lequel j'ai connu un 32ème de finale de la coupe en 2004 contre l'OL.
J'ai ensuite fait un break avec le football avant de reprendre par amitié pour le président le club de DH de l’Arménienne. On a réussi à se sauver en DH. Puis je suis retourné à Choisy. Malheureusement Choisy est descendu de 2 divisions jusqu’en DH. Là on essaye de remonter en CFA2. Mais mon boulot premier c’est commercial, responsable des ventes au sein de la société NMC. Je vais atteindre les 10 ans dans cette société.
Vous qui avez connu l’OL (38 buts en 2 saisons entre 1986 et 1988) au début de l’ère Aulas, quel regard portez vous sur la montée en puissance de ce club ?
On était en Divison 2. On avait été joué en 1/8ème de finale de la coupe de France à Marseille o๠on avait été battu d’ailleurs (3-0). Puis on était resté la semaine dans le sud car on jouait le samedi à Martigues. A l’issue de ce match aller, Bernard Tapie annonce dans la presse qu’il avait un ami qui serait disponible pour rentrer au sein du comité directeur de l’Olympique Lyonnais et il cite son nom : Jean-Michel Aulas. On en avait jamais entendu parlé. Et effectivement après le retour de Martigues, on annonce l’arrivée d’Aulas au sein du club.
Donc au départ il devait amener simplement de l’argent et ensuite il a simplement demandé la présidence. Charles Mighirian qui était un type exceptionnel s’est effacé. Il n’était pas pour mais il s’est effacé pour le bien du club, il a bien fait d’ailleurs.
La deuxième année que j’étais à Lyon, Aulas est devenu président. Il a commencé à recruter. Déjà il avait fait son premier coup médiatique en prenant Eugène Kabongo qui jouait à Anderlecht. Il l’avait payé à l’époque 350 000 francs. Et voilà comment il est arrivé à l’OL. Aujourd’hui on aime ou aime pas mais on doit reconnaà®tre que c’est un homme qui a beaucoup donné à ce club.
Quelquefois, il a évincé les gens sans sentiments. Moi je ne pourrais pas le faire. Malheureusement j’ai ce côté humain. Mais je ne dis pas que c’est un défaut. C’est un homme de décision et il y a des fois des décisions qui sont difficiles à prendre même humainement. Il a raison puisque aujourd’hui le club en est là . Et à§a ne veut pas dire qu’il ne soit pas humain mais les hommes de décisions ont toujours ce côté un peu inhumain. Comme les patrons de société. Moi je ne pourrais pas le faire mais c’est sûrement lui qui a raison.
Revenons sur vos saisons en tant que diable rouge. Quels sont vos 3 meilleurs souvenirs au FCR ?
Oh j’en ai des meilleurs souvenirs! Il y en a beaucoup. Je me rappelle de l’année avec Pierre Garcia qui donnait une confiance extraordinaire aux joueurs mais malheureusement on avait une équipe jeune qui ne pouvait pas vivre seule. Elle avait besoin de quelqu’un derrière et lui il part du principe qu’une équipe doit être mature. Il donne toutes les lignes directrices et puis après les gens doivent faire ce qu’ils savent faire et à§a malheureusement on était pas apte à le faire. Après Daniel a repris l’équipe et on a fait 3 belles saisons. La meilleure saison c’est la dernière qu’on a vécu et en même temps c’est la plus cruelle parce que je pense sincèrement que cette année là , l’équipe n’est pas montée car on a commis que des erreurs suite aux blessures de Christophe Lechevallier et Fabrice Bruneau, on perd 2 gardiens en 1/16ème de finale de la coupe de France contre Marseille.
A l'époque, on était premier et on a pas voulu recruter de nouveaux joueurs pour ménager les susceptibilités des uns et des autres alors qu'on était juste. On avait des contacts avec des joueurs de bon niveau mais on ne les a pas pris. Et c’est là o๠justement ce que je disais tout à l’heure de Aulas ou des entraà®neurs qui réussissent (encore plus) il y a ce côté humain qu’on doit occulter. C'est-à -dire qu’on est avec 5 points d’avance. Tout le monde sait aujourd’hui que dans une saison on va avoir des trous et bien il faut prendre des gens pour vous aider et on n’a pas su le faire. Malheureusement on n’est pas monté alors qu’on avait l’équipe pour accéder à la division 1. On était supérieur à Rennes, on était supérieur à beaucoup d’équipes mais on a pas réussi à monter. Et à§a à§a me dérange parce qu’on a pas su prendre les bonnes décisions. Quand on a perdu les gardiens... Bon je n’ai rien contre Thomas Kokkinis qui était un bon gardien mais je pense qu’à l’époque il n’arrivait pas dans les meilleures dispositions. Il était troisième gardien à Metz et puis on a rien fait non plus pour l’aider.
J’ai vécu 4 années exceptionnelles. J’étais en harmonie avec mes qualités. Je pense que j’étais, sans aucune vanité, quelqu’un de doué. Jamais fait beaucoup d’effort, je jouais tout là -dessus mais là j’étais en harmonie. J’avais une communion avec le public extraordinaire. J’ai connu à§a à Lyon o๠j’étais apprécié. J’ai connu à§a aussi à Montpellier, à Nà®mes énormément mais comme à Rouen jamais.
Avez-vous encore des contacts avec vos anciens coéquipiers rouennais ou des personnes de l’entourage du club ?
Non parce que la distance, le temps font qu'on se perd de vue mais par contre quand on se revoit, effectivement on se revoit avec plaisir. De temps en temps j’ai Pascal Havet au téléphone, on s’appelle une fois tous les ans. J’ai eu Christophe Lechevallier aussi. On pourrait s’appeler et puis qu’il n’y ait pas de sentiment derrière. Quand on se voit, le regard que je porte à des gens comme Yann Soloy ou d’autres c’est important pour moi. Ce qui compte c'’est de se voir avec plaisir.
Par ailleurs, j’ai un ami qui était au centre de formation quand j’y étais qui voulait à tout prix que j’aille voir son fils qui évolue dans les buts en jeunes. Je n’avais jamais remis les pieds au FCR depuis mon départ. J’ai vu Mr pinot. Je trouve qu’il est exceptionnel, il n’a pas pris une ride !
Avez-vous le sentiment d’avoir marqué l’histoire du club ?
Je pense que oui parce que des jeunes et des moins jeunes me reconnaissent et à§a c’est un signe (le plus beau signe) qui ne trompe pas. Quand je vais boire un café quelque soit l’endroit même dans le 76, il n’y a pas qu’à Rouen. Cela m’est arrivé au Havre ou à Dieppe… Les gens me reconnaissent et me demandent si je suis Jean-Pierre Orts et à§a il n’y a pas mieux comme reconnaissance.
A l’instar d’un joueur comme Samuel Michel, vous avez souvent été catalogué comme un joueur de D2. Compte tenu de vos exceptionnelles statistiques dans l’antichambre de l’élite, comment expliquez-vous que vous n’ayez jamais eu votre chance en D1 ?
Je vais vous répondre en toute sincérité que cela a été ma plus grosse erreur. Parce qu’à chaque fin de saison j’ai été contacté par des clubs de D1.
Et puis… La plus grosse erreur que j’ai commise c’est l’aspect financier parce aujourd’hui c’est différent mais à l’époque j’avais des opportunités en division 2 qui financièrement étaient plus importantes. Normal puisque à chaque fois vous marquez une vingtaine de buts. A Rouen par exemple je touchais 78.000 Francs nets par mois plus une prime à la signature, ce qui faisait environ 100.000 Francs nets par mois.
Par contre en division 1, j’étais contacté mais les gens mettait un bémol et disaient « on va te donner la moitié. Il faut que tu prouves… » et c’est là o๠j’ai commis l’erreur. Bon c’est comme à§a, je ne suis pas amer. C’est de ma faute j’ai fait de mauvais choix. Les gens peuvent penser ce qu’ils veulent, ils ont peut-être raison mais je vois des buteurs de division 1 qui sont venus en division 2, ils ont disparu.
Sans fausse modestie, j’étais doué. J’aurais pu être parmi les meilleurs buteurs en D1.
Vous aviez eu des contacts avec quels clubs à l’époque ?
J’ai eu Marseille, j’ai eu Monaco, Lens, Sochaux, tous ces clubs là . Vous faites le mauvais choix parce que vous vous dites : "je veux gagner de l‘argent" et puis c’est une bêtise malheureusement. Je ne l’aurais su que plus tard…
Rendez-vous mardi prochain pour la deuxième partie de l'interview concernant le présent et l'avenir ainsi que la vision de JPO sur le FCR actuel..."
Interview Jean-Pierre Orts (2ème partie) : "Le FCR est à sa place"
Par fc-rouen, mardi 9 mai 2006 à 20:05
"Joueur symbole des années 90 du FCR, celui qu’on surnommait JPO à l’époque nous fait part de sa vision actuelle du FCR et de son désir de revenir dans ce club même pour y occuper un rôle, même petit... Merci Jean-Pierre.
Suivez vous toujours l’actualité du FCR ?
Je suis. En tout cas je suis les résultats. Je sais qu’il y a eu des brésiliens qui sont venus, je sais qui est président, qui est le directeur sportif, qui est l’entraà®neur… Je les suis.
Que pensez-vous de l’équipe actuelle ?
Sincèrement je pense qu’elle est (et ce n’est pas méchant) à sa place. Elle manque d’imagination. C’est une équipe solide, une belle équipe de CFA mais ce n’est pas une équipe qui pouvait postuler pour la montée. A sa décharge et c’est très important de le signaler, il ne faut pas oublier qu’ils sont dans un groupe o๠le FCR a beaucoup de derbys et ce n’est pas des derbys identiques au derbys de la région parisienne parce qu’on pourrait dire que le PFC aussi a pas mal de derbys mais ce n’est pas comparable.
Noisy-le Sec évolue devant 300 personnes. PFC-Poissy pareil. Villemomble-PFC identique. Alors que le FCR c’est quand même un club, j’ai envie de dire, professionnel, respecté et réputé de tous et qui plus est qu’on a envie de battre. Des équipes comme Dieppe, Pacy sur Eure, Mondeville, Bois-Guillaume, Quevilly n’ont qu’une envie : les battre ! A sa décharge cette multitude de derbys fait que malheureusement ils ont laissé des points en route mais je pense qu’avec le budget qui a été dégagé pour ce club là , ils auraient dû au moins lutter plus à¢prement avec le PFC.
Ce n’est pas normal qu’il y ait 10 points d’écart avec le Paris Football Club (à l’époque de l’interview). Moi j’ai vu le PFC à Bois-Guillaume, si Bois-Guillaume l’avait emporté, il n’y avait pas à crier au scandale. J’ai trouvé que le PFC était une bonne équipe sans plus. Je n’ai pas vu une équipe avec des éléments extraordinaires. C’est une équipe à l’image de Jean-Marc Pilorget qui est sérieuse, très solide défensivement, qui base tout sur le contre mais surtout qui ne veut pas prendre de buts. Maintenant Bois-Guillaume a fait le match qu’il fallait aussi.
Mais c’est à§a qui me dérange dans le football actuel, c’est ce manque d’audace. Ce n'est pas mon football.
Comment jugez-vous le public et les supporters rouennais par rapport aux autres clubs que vous avez connu ?
Ils ne sont ni pires ni meilleurs. On est tous pareils : Quand à§a tourne bien on encourage et quand à§a tourne moins bien on siffle. Moi ce qui m’a toujours fait rire partout o๠je suis passé c’est quand vous avez des périodes difficiles dans les clubs, quand le club revient un peu il y a un peu plus de monde, vous feriez un sondage à la sortie du match. Il y a 7000 personnes. Vous sondez les gens et ils vous disent tous unanimement mais moi quand à§a tournait pas je venais au stade. C'est-à -dire quand on est était en CFA, j’allais au stade. J’ai envie de répondre comment à§a se fait qu’on n’avait pas 7000 personnes au stade puisqu’on était 1500 ?
Quand ils disent à§a, ils aiment le club quand même. Même si ils n’y vont pas, ils aiment le club. Et puis la preuve en est, dès que à§a tourne un peu mieux les gens reviennent au stade mais je comprends très bien qu’il y a des gens qui n’ont plus envie ou qui ne font plus leur priorité d’un match de CFA. Ca je le comprends très bien. Mais il n’y pas de meilleur public ou moins bon public.
Vous ne trouvez pas qu’il y a un engouement particulier à Rouen ? Qu’on fasse 3000 spectateurs en CFA, c’est assez exceptionnel non ?
Oui mais comme Troyes à l’époque, comme Guingamp. Des équipes qui ont eu un passé à partir du moment o๠elles côtoient le haut de tableau… C’est une ville de football Rouen, il ne faut pas l’oublier. Regardez Le Havre. Ils sont en D2 et ils tournent aux alentours de 7000, regardez Caen qui pourtant n’a jamais été une ville de football, ils tournent à 10000 et même quand ils étaient en bas de classement ils faisaient 10000. Après il y a le confort du stade etc. qui joue.
Aujourd’hui on ne vit plus les mêmes époques, il y a plus de monde, les villes ont pris des habitants au niveau démographique.
Mais Rouen c’est une place forte du football et c’est pour à§a que je dis aujourd’hui : sûr et certain que Rouen dans 10-15 ans sera de nouveau en D2 voire en D1. Parce que les équipes qui ont du football, regardez Sedan, regardez Troyes qui ont eu des passages à vide. Ce sont des équipes qui ont marqué l’histoire du foot, elles retourneront en division 1. C’est normal parce que ce sont des places fortes du football et il y a des clubs qui disparaà®tront parce que ce ne sont pas des places fortes. Ca tourne mais les bons clubs continuent toujours à exister. Vous verrez on en reparlera, mais regardez Troyes, on a dit c’est fini ils étaient en DH, vous savez ce qu’il est advenu…
Les places fortes ne mourront jamais.
Y a t-il trop de pression autour du FC Rouen ? D’une manière générale, pensez-vous qu’on veut faire les choses trop vite à Rouen ?
Non. J’avais vu un article d’Alain Michel qui disait (il avait raison et tort en même temps) : « Aujourd’hui mon équipe n’a pas d’individualités au-dessus ». Vous avez une équipe dans laquelle tous les gens savent courir, tacler, dans laquelle ils sont résistants mais le joueur qui va vous faire la différence, vous ne l’avez pas. Il ne l’a pas. Et il vous dit c’est normal les gens ne veulent pas jouer en CFA. Mais quand même j’ai envie de dire à partir du moment o๠vous avez le plus gros budget. Demain il y a un joueur qui a le choix entre le FCR et un autre de CFA, il va aller au FCR ou alors il faut qu’on m’explique ! De toute faà§on vous allez prendre les meilleurs joueurs pour évoluer en CFA donc on ne pas s’abriter derrière le recrutement (on prend ce qu’on peut). Non vous prenez de toute faà§on les meilleurs joueurs c’est comme Marseille ou Lyon en D1, en D2 c’est pareil, en CFA c’est pareil !
Il n’y a pas de pression. Moi aujourd’hui je voudrais jouer au FCR si j’avais un bon niveau. Entre une proposition au FCR et une à Bois Guillaume je signe au FCR parce que je me dis que demain le FCR a un potentiel pour évoluer en national et éventuellement pour évoluer en D2 alors que pour Bois-Guillaume c’est déjà extraordinaire d’être en CFA !
Le public n’est pas trop exigeant, ils ne mettent pas trop la pression sur les joueurs d’après vous ?
Non le public au contraire. Moi je crois que le public lui a joué sa partition. Ils sont venus et il y a eu jusqu’à 5000 spectateurs en CFA ! Qu’est-ce que vous voulez demander de plus ? C’est déjà exceptionnel !
C’est quand même aux dirigeants, pour entretenir ce public, d’amener des joueurs un peu spectaculaires. Quand j’ai lu qu’on est allé chercher 3 ou 4 brésiliens, je veux bien mais si il faut aller au Brésil pour jouer en CFA, il y a quelque chose que je ne comprends plus ! On a quand même des bons joueurs en France. Des brésiliens qui acceptent de jouer en CFA, c’est pas les meilleurs les meilleurs ils sont à Lyon ou ils sont en hollande ou en Espagne en division 1 voire division 2. Alors quand il dit « on s’est trompé sur eux » mais on s’attendait à quoi ? A voir arriver Juninho au FCR ? Non mais il faut être sérieux ! Ca ce sont des erreurs, pour moi se sont des erreurs. J’ai rien contre les footballeurs brésiliens au contraire, je pense que ce sont ceux qui pratiquent le meilleur football au monde mais il y a des règles. Je ne pense pas que des brésiliens vont venir en France pour jouer en division 4 ou alors ils vont venir jouer pour prendre de l’argent et donc si on peut donner de l’argent, c’est qu’on peut prendre les meilleurs ! On ne peut donc pas dire qu’on ne peut pas prendre de bons joueurs puisqu’on n’a les moyens… Cela dit c'est vrai qu'un même joueur sera plus cher pour le FCR que pour Mondeville. C'est pas toujours évident.
Moi je crois qu’il y a un potentiel. Il suffit de venir dans la région parisienne.
Regardez le classement des buteurs sur France Football. Vous avez un gars à Vannes (Jean-Marie Eveno*), à§a fait 3-4 ans qu’il est meilleur buteur. Bah voilà à§a vous savez combien à§a pèse ! Donc vous savez chaque année que le mec va vous mettre tant de buts. Le gars a peut-être envie. A part le fait, si il travaille il a bon job et il se plait dans son truc bon bah il va pas bouger mais s’il est un petit peu ambitieux, par le biais du FCR il peut un jour être professionnel ou jouer à bon niveau donc il va peut-être faire le choix. Voilà c’est tout. Il ne faut pas avoir fait polytechnique pour le voir. Moi je ne m’intéresse plus trop au football amateur à part en région parisienne mais le variété a joué à Vannes et on m’a parlé de ce joueur. Du coup je le suis et tous les ans il plante.
Dans une équipe moindre il met 15 buts alors vous imaginez dans une bonne équipe, il en mettra 20 ! Plutôt que d’aller perdre son temps au brésil à dépenser des billets d’avion des fortunes…
Quelles sont désormais vos ambitions dans le milieu du foot ?
J’aurais des ambitions sportives mais encore faut-il avoir un club qui corresponde. Moi je ne vais pas me mettre en péril. Je suis commercial, je gagne bien ma vie si c’est pour prendre un club o๠les gens vous donnent des objectifs avec des moyens limité et qu’au bout de 4-5 matchs, comme j’ai connu… Le budget est réduit de 50% et vous n’êtes pas payé pendant 3 mois. Heureusement que j’ai mon métier autrement vous êtes morts. Vous perdez 3 ou 4 matchs et ils vous virent. Là à§a ne m’intéresse pas, maintenant retourner un jour dans le football pourquoi pas avec un projet sérieux et pas spécialement en tant qu’entraà®neur ou même au niveau des jeunes. Moi ce que j’aime le plus c’est le football. Après les jeunes pour moi c’est pareil.
Moi j’adore les enfants, c’est naturel. Quand ils perdent ils ont des larmes réelles et quand ils gagnent c’est exceptionnel ! La formation aussi ! Les adultes parfois c’est difficile. Quand ils ne jouent pas ils ne sont pas concernés. Quand ils ne sont pas dans l’équipe première ils ne viennent même pas au match le dimanche…
Moi j’ai toujours aimé avant tout le football. Quelque soit le niveau auquel évolue l’équipe, dès que le coup de sifflet était donné j’étais heureux sur le terrain.
Aimeriez-vous un jour revenir au FC Rouen ?
Pourquoi pas ? Bien sûr! J’ai le sentiment d’une histoire inachevée avec le FCR. J’avais toujours dit que j’arrêterai le jour o๠le club serait en Division 1. Pas spécialement dans un grand rôle. Je pourrais m’occuper des jeunes. Qui n’aurait pas envie de revenir au FCR ?
A l’époque on avait des installations vétustes : les placards des vestiaires étaient pourris, le terrain de la ferme, on appelait à§a le bac à sable et à§a ne nous a pas empêché de terminer 3ème. Aujourd’hui les joueurs sont trop gà¢tés. Ils ne sont pas assez impliqués. Il y a des gens qui ne savent même pas qui on joue dans 15 jours. C’est grave quand même. Moi à l’époque je connaissais les 4 ou 5 matchs à venir, combien de buts on avait marqué, encaissé…
Aujourd’hui, je suis sûr que vous demandez à certains joueurs contre qui on doit jouer la semaine prochaine, ils ne sauront pas."
Darmon nous a tuer, et Merci aussi Havis, 2 bons fossoyeurs.....
Jean-Pierre Orts
