Quand j'ai lu Riolo, j'ai vomi
. Mais finalement ce que tu dis quand tu l'évoques n'est pas inintéressant : c'est très exactement pour ça que je déteste ce type et tout un tas d'autres "spécialistes" qui sont sans aucun sens de la nuance. C'est bien pour faire le buzz, mais 9 fois sur 10 ça n'apporte strictement rien parce que tout débat est impossible...
Je ne vais pas revenir sur ce qui a été dit en long en large et en travers sur Prunier, mais son cas est la parfaite illustration d'un phénomène récurrent, à savoir qu'un buteur n'est jamais jugé sur les mêmes critères que les autres.
Un joueur lambda, on va regarder ce qu'il apporte à l'équipe (techniquement, physiquement...) et on fait un bilan d'ensemble. Un buteur, il peut être nul dans le jeu, s'il marque, on va tout lui pardonner, en tous cas beaucoup de gens. Pourquoi cette mansuétude : sans doute parce que le foot est l'un des sports où il est le plus difficile de faire évoluer le score.
Prunier en est la parfaite illustration, parce qu'il a à la fois de grosses lacunes et de grosses qualités. Ses qualités sont naturelles, ses lacunes sont essentiellement liées à une absence de formation.
Il a d'indéniables qualités physiques, mais qu'il exploite encore assez mal. Par exemple, il a très souvent des problèmes de timing dans les duels aériens où il est souvent à contretemps. Et il est très loin d'utiliser pleinement son potentiel lorsqu'il s'agit de jouer avec son corps pour conserver le ballon dos au but (pour faire remonter le bloc, orienter le jeu...) alors qu'il a la puissance nécessaire pour être performant dans ce domaine.
Collectivement, je suis désolé, mais pour avoir vu la quasi totalité de ses matchs à domicile, il a été très souvent transparent dans le jeu, et sa tendance à vouloir jouer au sauveur m'a sauté au yeux dès le 1er match à domicile que j'ai vu de lui (contre Vitré). Et tactiquement, combien de fois avec d'autres je me suis arraché les cheveux à le voir en permanence hors jeu (entres autres choses)...
MAIS, malgré tous ses défauts, après avoir débarqué en Métropole en provenance des Antilles sans avoir jamais joué au niveau national auparavant, sans préparation, en devant faire face à un nouveau climat et un nouvel environnement, il a quand même réussi à marquer 9 buts en 20 matchs de N2, soit un ratio très supérieur à TOUS nos attaquants de pointe depuis 3 ans.
Alors, que Maarek ait négocié son départ dans des conditions hors norme, je ne peux que m'en féliciter. Mais la comparaison avec Dembi pour moi ne tient pas, parce que ce dernier n'est pas un buteur. Il n'empêche que jamais on n'aurait dû laisser partir ce dernier pour rien (parce qu'une hypothétique indemnité en cas de montée en L2 de Cholet, j'appelle ça rien) : sur ce coup-là, c'est le FCR qui s'est fait pigeonner.
Maintenant, si on se met à la place de Versailles, qu'est-ce qui peut expliquer qu'ils aient accepté de payer un prix si élevé pour le faire venir (parce que je pense que l'on peut tous être d'accord là-dessus, le prix est élevé pour un joueur de N2) ? Pour moi, c'est justement parce que Prunier a d'énormes lacunes que Versailles a accepté cela !!! Ça peut paraître étrange dit comme ça, mais en réalité c'est assez simple à comprendre. Le sens du but, c'est inné, et lui l'a qu'on le veuille ou non. Ces lacunes sont énormes, mais comme il n'a jamais été vraiment formé, il ne peut que progresser dans tout un tas de domaines. C'est pour moi le pari que fait Versailles, d'où le fait qu'ils l'aient fait signer 3 ans. Quand on voit que Jung a été vendu pour près d'un million d'euros après une seule vraie bonne saison en N1 avec Quevilly, ça peut se tenter...
Et si Prunier continue à marquer des buts, même s'il continue à être très mauvais dans le jeu, il continuera à être encensé par de nombreuses personnes, et il n'aura aucun mal à trouver un autre club pour mettre un billet sur lui dans un avenir plus ou moins proche.
D'ailleurs, c'est exactement ce qu'il s'est passé lors de son 1er match officiel avec Versailles : ceux qui ont vu sa prestation ont dit qu'il avait été transparent dans le jeu, mais à l'arrivée il fait gagner 2 points à son équipe grâce à son but décisif. Le même match sans marquer, c'est du Banor ; mais avec le but de la victoire, ça devient le Dieu du stade, c'est le jeu...
"Dans sa vie, un homme peut changer de femme, de parti politique ou de religion, mais il ne change pas de club de football."
Eduardo Galeano, journaliste et écrivain uruguayen